Démarche
La ligne ininterrompue
La petite bobine de fil de fer recuit ne pèse que deux cent cinquante grammes et offre soixante-huit virgule cinq mètres de fil souple, malléable et très résistant.
Le fil est continu, jamais interrompu, jamais plié. Lorsqu’une bobine est totalement dévidée, il suffit de nouer la dernière boucle au départ d’une autre bobine pour disposer d’une liberté d’expression renouvelée de soixante-huit autres mètres virgule cinq.
L’œuvre se complexifie avec le jeu de deux fils qui bataillent pour savoir quelle sphère aura le dessus sur l’autre, qui du fil de dedans parviendra à devenir le fil du dehors pour pouvoir gonfler en sphère et vivre son autonomie dans l’insouciance de sa jumelle siamoise qui cherche à lui voler la vedette.
Une fois son équilibre atteint, la pièce indique clairement qu’elle est arrivée à sa complétude et que la bobine gêne comme un fil à la patte. Poursuivre rendrait l’intention moins compréhensible. D’un geste de pince coupante, j’interromps le fil de l’histoire.